Tout savoir sur l'éjaculation féminine
L'éjaculation féminine est un phénomène qui alimente bien des fantasmes et des mythes. Une femme peut-elle réellement éjaculer ? Quelle différence avec la femme fontaine et le squirting ? Toutes les femmes peuvent-elles y parvenir ? Est-ce synonyme de plus de plaisir ? Les réponses d'Eve Monnet, sexologue et psychanalyste à Paris.
Sommaire
- L'éjaculation féminine vaginale : qu'est-ce que c'est ?
- Technique : comment déclencher ou avoir une éjaculation féminine ?
- Squirter ou le squirting : c'est quoi ?
- Comment faire pour être une femme fontaine ?
L'éjaculation féminine vaginale : qu'est-ce que c'est ?
L'éjaculation féminine vaginale est un phénomène peu connu et encore tabou mais qui existe bel et bien.
"L'éjaculation féminine se caractérise par l'émission au moment de l'orgasme d'une petite quantité de liquide blanchâtre et fluide provenant des glandes de Skene, à savoir l'ensemble de glandes encastrées dans les parois urétrales et connues sous le nom de prostate féminine. Eve Monnet."
La quantité libérée peut varier d'une femme à une autre et dépend généralement du niveau d'excitation, mais elle reste assez faible (le plus souvent moins d'un millilitre) et sans commune mesure avec l'éjaculation masculine. Ceci est du au fait que la prostate féminine est environ 10 fois plus petite que la prostate masculine.
"Une étude de 2017 a révélé que 69% des femmes entre 18 et 39 ans ont connu une émission de liquide orgasmique au moins une fois dans leur vie", précise la sexologue. Et contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, l'éjaculation féminine n'est pas forcément liée à l'orgasme, puisqu'elle pourrait être provoquée uniquement par une forte stimulation du point G.
Quelle est la composition de ce sperme féminin ?
La composition exacte du sperme féminin est encore débattue par la communauté scientifique, mais il semblerait que ce liquide, souvent incolore et inodore, soit de composition assez similaire au sperme masculin.
Il serait ainsi riche en prostate-specific antigen (PSA) et en phosphatase acide prostatique (PAP), deux protéines produites par les glandes de Skene, également présentes dans le sperme masculin, ce qui renforce l'analogie entre l'éjaculation féminine et masculine.
La composition du sperme féminin pourrait par ailleurs varier d'une femme à l'autre, et même d'un orgasme à l'autre chez une même femme. Cela pourrait être dû à des facteurs tels que le niveau d'hydratation, le cycle hormonal ou l'état de santé général.
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Technique : comment déclencher ou avoir une éjaculation féminine ?
Rappelons tout d'abord que l'éjaculation féminine n'est accessibles qu'aux femmes ayant une prostate (glandes de skene), ce qui n'est pas le cas de toutes ! Selon une étude publiée en 2011, sur les 25 femmes étudiées, seules 14 avaient une prostate féminine.
Pour celles qui en possèdent une, l'éjaculation serait largement favorisée par la stimulation du point G, situé à environ 4-5 cm de l'entrée du vagin sur sa face antérieure. Cette zone légèrement rugueuse d'une dimension d'un haricot, peut être sollicitée par les doigts, un sextoy ou certaines positions sexuelles telles que le missionnaire, l'Andromaque ou la levrette.
L'éjaculation féminine serait également favorisée par une excitation intense et prolongée : il est donc essentiel de prendre son temps et de ne pas précipiter les choses.
Enfin, l'aspect psychologique ne doit pas être négligé : il est donc primordial de se sentir à l'aise, détendue et en confiance pour favoriser l'éjaculation.
Squirter ou le squirting : c'est quoi ?
Le terme "squirting" fait référence à l'expulsion d'un liquide en grande quantité par certaines femmes lors de l'orgasme, surnommées de fait "femmes fontaines".
"Le squirting est une libération de liquide abondant et fluide provenant de l’urètre et de la vessie avec un jet soutenu pouvant atteindre 300ml soit l’équivalent d’une canette de soda. Eve Monnet."
Souvent confondu avec l'éjaculation féminine, il s'agit pourtant de deux phénomènes bien distincts à plusieurs égards. "Squirter - aussi appelé "gicler" - est une réponse à une stimulation sexuelle, au lâcher prise. Le liquide émis provient de la vessie et non du vagin, et sa composition est très différente", résume Eve Monnet.
Quelle est la composition du liquide émis par la femme fontaine ?
Le liquide émis par la femme fontaine, aussi appelé "squirt", est différent de la sécrétion vaginale connue sous le nom de cyprine. La composition du liquide émis lors du squirting est principalement vésicale, avec une surproduction de liquide par la vessie lors de la stimulation érotique. Il s'agit donc d'une émission involontaire d'un liquide dont la composition est proche de l'urine mais tellement diluée qu'il est incolore, inodore, insipide et ressemble à de l'eau.
On y trouve notamment de l'urée, de la créatinine et de l'acide urique, confirmant que le squirt est bien produit par le rein.
Comment faire pour être une femme fontaine ?
"Tout d'abord, il est important de savoir que chaque femme est différente face à l’expérience, et que si pour certaines c’est très agréable pour d’autres c’est à l'inverse inconfortable et gênant" souligne Eve Monnet. Le degré de plaisir ressenti pendant l'orgasme n'est donc pas lié à la quantité de liquide émis par la femme !
Devenir une femme fontaine peut ensuite nécessiter certaines techniques et une meilleure connaissance de son corps. L'exploration de soi est cruciale afin de découvrir les points qui génèrent le plus de plaisir. La stimulation du point G, serait notamment recommandée pour parvenir à squirter.
L'effort physique, l'excitation mais aussi une bonne hydratation, seraient responsables du remplissage rapide de la vessie et son expulsion nécessiterait un grand lâcher prise. Lorsque l'excitation est à son apogée et que l'orgasme est proche, la femme peut ainsi ressentir comme une envie d'uriner, ou de "pousser ce liquide vers l'extérieur" : il est essentiel qu'elle se laisse aller à cette sensation et de détendre les muscles du sphincter urinaire pour atteindre le squirting.
"Si toutes les femmes ne peuvent pas éjaculer, toutes peuvent physiologiquement être femmes fontaines", rappelle la sexologue. Mais selon les quelques études parues sur le sujet, elles ne seraient que 10 à 40% à connaître cette expérience, une seule fois, régulièrement ou systématiquement lors des rapports sexuels.